Maliha - Encre et pastel - Annick Chenu

Sans doute le dernier dessin de l'année 2016!
Inspiré par la typographie dite Super Veloz.
Graphisme et mouvement
Bonheur !

Maliha - encre et pastel - Annick Chenu - Peintre graveur



Surprises de fin d'année!

Sans être aussi rempli que celui de Bacon, mon atelier est quand même un joyeux foutoir!
Hors donc il m'a pris cette semaine de le réorganiser complètement.
Cela m'a permis de redécouvrir des dessins  oubliés depuis des années: certains remontent à 2006, c'est dire... D'autres encore portent les traces d'un début d'encadrement ou sont en attente de finitions.
Pourquoi sont-ils restés inachevés, quel travail m'en a écartée? Mystère...
Ces tableaux "perdus",  je les mets en vente à très petit prix dans mon atelier à Vauréal

3 Janvier 2009 - 50€ - 25x25cm

2014 - 20€

Amnesty 1 - 10€

Amnesty 2 - 10€

Amnesty 3 - 10€

Amour épanoui - 10€

Amour hésitant - 10€

Apsara 5 - 40€ - 13,4x19,6cm

Bienvenue - 50€ - A3

Boob - 15€ 10,5x14,8cm

Chut, elle dort! - 40€ - 30€ - 23x18cm

Dauphin de Lanai - 50€ - 24x32cm

Dors! - 20€ - 10,5x24,5cm

En bondissant pour attraper le printemps - 50€ - 30x30cm

En imitant Alban - 50€ - 40x20cm

Enigme 3 - 5O€ - 20x20cm

Femme - 50€ - 20x20cm

Homero - 10€

Je t'écoute - 50€ - 30x30cm

La becquée - 50€ - 30x30cm

Source de vies - 50€ - 18x24cm

Le génie dans la bouteille - 50€ - A4

Maternité - 60€ - A3

Mmh! - 40€ - A4

On joue ensemble? -  40€ - A3

Photo de famille 2 - 50€ - A4

Plaisir de la découverte - 50€ - A3

Surfeuse - 10€




Tout ira bien... tu verras.... - 40€ - A4

Zouï - 15€ - 10,5x14,8cm

Mer du Japon Monotype A. Chenu Peintre graveur

Mer du Japon - A. Chenu
Une brume, des embruns vagues: un côté délicat d'estampe japonaise et voilà le titre qui s'impose...

Savoureuse humanité - Annick Chenu - 3ème et dernière partie

Ce matin, encore, nous sommes réveillés par la sonnette de la porte d’entrée. Monsieur l’inspecteur! Sans Ronda! Il entre et s’assoit sur un tabouret dans la cuisine. Sandra lui propose une tasse de café. Il accepte. Sandra se sert un bol et s’appuie contre le radiateur.
Je n’aime pas l’odeur du café ça vous détraque l’odorat en un rien de temps et, là, ça m’empêche de respirer le parfum de Ronda. Quant à tenter de flairer directement le pantalon de son maître, je préfère éviter les semelles dures de ses chaussures.
      -Vous êtes venu sans votre chien, inspecteur?
        -Elle est en chaleur et je crains que ça ne fasse du grabuge avec Maxou; c’est bien son nom n’est-ce pas?
Ah! ah! ah! Pauvre type! Toi, par contre, tu peux faire du grabuge avec ma maîtresse, c’est cela? Parce que qu’est-ce que tu lui veux, dis, à 8h du matin?
       -Quelque chose ne va pas inspecteur? Pourquoi cette visite aussi matinale?
L’inspecteur tourne plusieurs fois sa cuillère dans sa tasse avant de répondre.
      -Il y a du nouveau. Apparemment la laisse ne se serait pas cassée toute seule.
      -Vous voulez dire que quelqu’un l’a coupée?
      -Pas coupée : rongée.
Sandra tire un tabouret pour s’asseoir face à l’inspecteur.
      -Les chiens ont réussi à ronger leur laisse?
      -C’est peu probable. Trop près de leur collier. A moins d’être très souple mais je ne crois pas à cette possibilité.
S’il y a bien une qualité qu’ils n’avaient pas ces molosses, c’est la souplesse. Heureusement, sans quoi je ne serais plus de ce monde.
Ma maîtresse regarde l’inspecteur. Elle penche la tête, un sourire incertain sur son beau visage :
       -Vous n’imaginez tout de même pas qu’un être humain aurait pu ronger la laisse des chiens?
Di Ableau se recule contre le mur. Cette femme est vraiment très séduisante. Il toussote avant de reprendre son interrogatoire.
      -William Déhousse avait-il des ennemis?
Sandra ouvre de grands yeux :
      -Bien sûr que non! Tout le monde aimait William!
L’inspecteur remâche les mots plusieurs fois avant de poser la question suivante :
      -Hum ! Et comment ça allait entre vous?
Le silence s’installe pendant que Sandra allume une cigarette et tire longuement sur la première bouffée. Elle souffle lentement un fin nuage vers le plafond.
      -Il y avait des hauts et des bas. Comme dans tous les couples j’imagine. Mais franchement          inspecteur, jamais nous ne nous sommes fâchés au point que je désire ronger la laisse de ses chiens pour qu’ils le dév…
Elle ne peut continuer, secouée de sanglots. Et je panique à nouveau! Trop émotif mais je n’y peux rien. Il faut que je grimpe sur ses genoux, que je lèche ses larmes. Tout pour qu’elle arrête. Mais elle me rejette.
C’est la faute à cet inspecteur! Je me retourne, les babines retroussées et je reste pétrifié : il m’observe fixement. Il soutient mon regard. Je dois me plier. Soumission…Pour l’instant.
Il pose sa tasse vide et se lève.
         -Je vais vous laisser mais j’aurai besoin de recueillir votre déposition. Vous préférez que je revienne ou vous passez au commissariat?
        -Je préfère rester chez moi inspecteur.
        -Demain?
        -Demain.
Sandra le raccompagne à la porte. Annie, sa meilleure amie, sort de l’ascenseur. Sa bouche s’arrondit de surprise lorsqu’elle croise l’inspecteur. Sur sa lancée elle entre dans l’appartement.
        -Mais c’est l’inspecteur Di Ableau!
        -Tu le connais?
        -Mais enfin ma chérie! Tu n’as pas entendu parler de l’affaire des biches?
         -Tu délires darling!
         -C’est étonnant qu’il travaille encore car je pensais qu’il avait été interné.
          -Tu dois faire erreur. Celui-ci est parfaitement normal. Froidement normal.
Elles vont dans la cuisine. Je suis paralysé! Si cet inspecteur a des soupçons, il ne me lâchera pas. Il voudra se rattraper du scandale des biches sur mon dos! Ses yeux tout à l’heure!
Mais il n’a pas de preuves! Et il n’en trouvera pas. Non, car j’ai pensé à tout!
Tout, sauf à l’arrivée de cet inspecteur là précisément : le seul assez fou pour me soupçonner. Les cris de ma maîtresse me délivrent de mes angoisses.
       -Maxou! Ta gamelle est prête.

Tout en mâchant mes croquettes je repense à William. Je suis d’accord sur un point avec ma maîtresse: il avait bon goût! Quand ses deux chiens se sont couchés pour digérer leur maître je dois avouer que l’odeur du sang m’avait déjà rendu à moitié fou. Seule la prudence m’avait retenu. Les monstres endormis, je me suis glissé de dessous le lit. J’ai eu juste le temps de saisir un petit bout et de me sauver par la chatière. Caché derrière une poubelle j’ai laissé le jus me couler dans la gorge avant de faire glisser la viande. C’était tendre. Rien à voir avec les morceaux de steak trop cuit que ma divine maîtresse me donne…Ou encore ces croquettes… Oui, il était bon William…Je me demande si les hommes sont tous aussi savoureux…


Savoureuse humanité - 2ème partie - Annick Chenu

C’est la sonnette de la porte d’entrée qui nous  réveille à neuf heures du matin. Avant que Sandra n’ouvre j’ai déjà flairé les phéromones. Encore endormie, ma maîtresse met un temps fou à tourner les verrous. Quand la porte s’ouvre enfin je contourne des chaussures cirées pour aller renifler le derrière d’une chienne altière, certes, mais dont les effluves ne laissent aucun doute quant à ses futures dispositions!
Une voix grave résonne au bout de la laisse de la ravissante puis les cris de Sandra m’arrachent aux fragrances excitantes. Un coup de pied discret mais ferme me dégage de la chienne. Je m’inquiète soudain de ce qui arrive à ma maîtresse. Elle pleure. Ca me met dans tous mes états. Un gémissement incontrôlable m’échappe. Je saute dans ses bras et elle me serre convulsivement. La grosse voix se fait de nouveau entendre et cette fois je dresse les oreilles.
      -Nous avons trouvé votre message sur son répondeur. Vous l’attendiez à 17h c’est cela?
Sandra acquiesce de la tête.
      -Bien. Et il n’est pas venu. C’est bien cela?
Sandra renifle :
      -Dire que les dernières paroles que je lui ai dites étaient des injures!
      -Si cela peut vous consoler, il ne les a pas entendues. Il est mort la nuit précédente.
Sandra relève la tête :
      -De quoi est-il mort? Un accident?
L’inspecteur respire un grand coup et, le plus doucement possible, annonce :
      -Ses chiens l’ont dévoré.
     -Hector et Hannibal? Comment est-ce possible?
      - Votre ami est rentré avant hier soir complètement ivre. Ses chiens n’ont pas reconnu son odeur. Cela arrive malheureusement et avec ce type de chiens cela peut s’avérer dangereux.
      -Je ne comprends pas; William les attache toujours avant de sortir.
      -Apparemment leur laisse s’est cassée. Nous avons dû les abattre tous les deux.
      -Mais pourquoi?
      -Un chien qui a goûté à la chair humaine est irrécupérable.
Je dresse les oreilles. Les deux monstres ont disparu eux aussi! Plus de William et plus de paquets de muscles pour me harceler! Je remue la queue sans y penser.
      -Cela a l’air de faire plaisir à votre chien ; à moins que ce ne soit Ronda qui ne l’excite à nouveau.
      -Maxou ne supportait pas William…et ses deux chiens le terrorisaient.
     -Ah oui?
L’inspecteur m’examine et, l’espace d’un instant, je lis de la suspicion dans son regard. Mais il se retourne vers ma maîtresse et prend congé.
La porte à peine refermée Sandra court s’effondrer sur son lit où elle pleure le reste de la matinée. Allongé près d’elle je reste sans bouger, la truffe entre mes pattes encore imprégnées des senteurs de Ronda.
Au cours de l’après-midi c’est l’avalanche d’appels téléphoniques. Sandra ne mange rien. Moi non plus. Elle oublie de me sortir. Vers le soir, n’en pouvant plus, je commence à gémir.
Elle m’ouvre la porte.
C’est la seconde fois que je sors tout seul dans la ville. Je suis tenté d’aller chez William mais l’odeur de Ronda flotte dans l’air. Je piste sa trace jusqu’à une voiture garée au coin de la rue. Monsieur l’inspecteur! Tiens donc ! Au prix d’un gros effort je m’éloigne et m’acquitte de mes mictions canines contre un lampadaire. Je renifle une poubelle. Mon estomac vide gronde mais je ne fouillerai pas les ordures devant Ronda. Pause caniveau et retour au bercail.

Ah Ronda tu m’as sauvé! Je retrouve ma place dans le lit de ma maîtresse et m’endors.


Savoureuse humanité - Annick chenu - 1ère partie

Je l’aime. Plus que tout au monde. Cela n’a rien à voir avec le sexe : nous ne couchons pas ensemble et vraiment, ça m’étonnerait qu’elle y ait jamais pensé. Et même qu’elle y pense un jour… Nous vivons sous le même toit depuis neuf ans. Mais pour le sexe, c’est chacun pour soi. Je ne suis pas son type. Elle les préfère grands et imberbes alors que je suis petit et poilu. Quant à moi je les aime... Hum! Mais ceci n’a aucun rapport avec notre histoire…
Je l’aime donc. Son image m’obsède : elle est toute ma vie.
A présent elle tourne son regard bleu vers moi.
-       Maxou, cesse avec ces yeux de merlan frit!
Je l’adore mais il y a des fois!
Mais d’elle j’accepte tout. Des autres par contre…
 William par exemple. William, le malabar avec ses deux monstres danois.
André, Bernard, Jules…  Je les ai tous supportés même Jeannot et son chat siamois.
Mais William, je ne sais pas. Je n’ai jamais pu le sentir. Ni lui, ni ses molosses.
 Elle vient de terminer de s’habiller.
      -Maxou, tu viens mon chéri?
Elle ouvre la porte et je me glisse à ses côtés. Nous descendons l’escalier, elle d’une démarche délicate et moi, sautant les marches pour la suivre. Elle est très grande. Nous allons attendre William devant le café La Castagne : un repère de footballeurs.
Elle a un  peu froid. Alors elle me sert contre elle. Pur instant de bonheur! Je n’y résiste pas et glisse ma truffe dans son cou.
      -Maxou! Gros dégoûtant!
Elle me repose par terre.
      -Allez, va faire tes besoins dans le caniveau! 
Je m’exécute sous son regard amusé. Je sais qu’elle me trouve comique! Elle l’a dit à ses copines. Je me résous donc à paraître ridicule chaque jour.
Elle n’est pas mal non plus : je l’ai vue un jour avant qu’elle ne claque la porte de la salle de bain sur mon museau.
 Mais pour l’instant Sandra fait les cent pas. William est en retard.
Ah ça, pour être en retard, il va être en retard! 
Tu vas l’attendre combien de temps, une heure? Deux? Puis nous retournerons à la maison et tu me prendras dans tes bras. Tu supporteras même mon museau glacé dans ton décolleté…
Comment je sais que ce grand bipède ne viendra plus nous embêter? Intuition canine! Canine! Ouah! Elle est bien bonne celle-là! Hum, je me comprends…
Sandra me surveille du coin de l’œil tout en scrutant l’horizon du trottoir. Il commence à faire vraiment froid et William n’est toujours pas là. Elle plonge une main dans son sac et sort son portable. Elle tourne sur elle-même, le téléphone collé à l’oreille. Pas de réponse. A mon corps défendant elle m’entraîne à l’intérieur du café et s’installe à une table. Je me couche à ses pieds tandis qu’elle observe la rue à travers la devanture.
 Trois cafés plus tard elle se résigne à rentrer. Elle a laissé deux messages à William : le dernier n’était pas aimable!

J’ai repris ma place sur la couverture du lit. Elle  pleure et je mets ma truffe dans sa main pour la calmer. Nous nous endormons.


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