Je l’aime. Plus que tout au monde.
Cela n’a rien à voir avec le sexe : nous ne couchons pas ensemble et
vraiment, ça m’étonnerait qu’elle y ait jamais pensé. Et même qu’elle y pense
un jour… Nous vivons sous le même toit depuis neuf ans. Mais pour le sexe,
c’est chacun pour soi. Je ne suis pas son type. Elle les préfère grands et
imberbes alors que je suis petit et poilu. Quant à moi je les aime...
Hum! Mais ceci n’a aucun rapport avec notre histoire…
Je l’aime donc. Son image
m’obsède : elle est toute ma vie.
A présent elle tourne son regard
bleu vers moi.
-
Maxou, cesse avec ces yeux de merlan frit!
Je l’adore mais il y a des
fois!
Mais d’elle j’accepte tout. Des
autres par contre…
William par exemple. William, le malabar avec
ses deux monstres danois.
André, Bernard, Jules… Je les ai tous supportés même Jeannot et son
chat siamois.
Mais William, je ne sais pas. Je
n’ai jamais pu le sentir. Ni lui, ni ses molosses.
Elle vient de terminer de s’habiller.
-Maxou, tu viens mon chéri?
Elle ouvre la porte et je me glisse
à ses côtés. Nous descendons l’escalier, elle d’une démarche délicate et moi,
sautant les marches pour la suivre. Elle est très grande. Nous allons attendre
William devant le café La Castagne : un repère de footballeurs.
Elle a un peu froid. Alors elle me sert contre elle.
Pur instant de bonheur! Je n’y résiste pas et glisse ma truffe dans son
cou.
-Maxou! Gros dégoûtant!
Elle me repose par terre.
-Allez, va faire tes besoins dans le
caniveau!
Je m’exécute sous son regard amusé.
Je sais qu’elle me trouve comique! Elle l’a dit à ses copines. Je me
résous donc à paraître ridicule chaque jour.
Elle n’est pas mal non plus :
je l’ai vue un jour avant qu’elle ne claque la porte de la salle de bain sur
mon museau.
Mais pour l’instant Sandra fait les cent pas.
William est en retard.
Ah ça, pour être en retard, il va
être en retard!
Tu vas l’attendre combien de temps, une heure?
Deux? Puis nous retournerons à la maison et tu me prendras dans tes bras.
Tu supporteras même mon museau glacé dans ton décolleté…
Comment je sais que ce grand bipède
ne viendra plus nous embêter? Intuition canine! Canine!
Ouah! Elle est bien bonne celle-là! Hum, je me comprends…
Sandra me surveille du coin de
l’œil tout en scrutant l’horizon du trottoir. Il commence à faire vraiment
froid et William n’est toujours pas là. Elle plonge une main dans son sac et
sort son portable. Elle tourne sur elle-même, le téléphone collé à l’oreille.
Pas de réponse. A mon corps défendant elle m’entraîne à l’intérieur du café et
s’installe à une table. Je me couche à ses pieds tandis qu’elle observe la rue
à travers la devanture.
Trois cafés plus tard elle se résigne à
rentrer. Elle a laissé deux messages à William : le dernier n’était pas
aimable!
J’ai repris ma place sur la
couverture du lit. Elle pleure et je
mets ma truffe dans sa main pour la calmer. Nous nous endormons.
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